Jeanne d'Arc à l'atelier
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20 juin 2007


beauté, d'où me viens-tu ?

   De nos jours en Occident, notre rapport à la beauté tient pour beaucoup de deux héritages culturels, deux mondes divins, le grec et le biblique.
   L'homme biblique parle assez peu de beauté et surtout il s'interdit la figure - l'image figurative. (l'un des mots d'ordre de l'art du XXe siècle). Quant à l'intransigeance de son rapport à son dieu unique, elle laisse à l'état refoulé une forte séduction féminine, la divinité d'Astartée. Autant d'enjeux extrêmement sensibles que les eaux du fleuve du Christianisme vont charrier et malmener jusqu'à nous. Terrible ambiguïté de la beauté, de l'image, de l'amour de la femme.
   Pour l'homme grec, la beauté est fortement présente, la figure et la séduction féminine, mais toutes trois redoutables comme la mort. Ses dieux et déesses se donnent amplement dans sa statuaire, jusqu'à cette merveilleuse statue de Praxitèle : la déesse de l'amour, Aphrodite, nue, sortant du bain, telle qu'elle était née de l'écume de la mer - une écume chargée du sperme d'Ouranos ; cette grande beauté de Cnide était tellement séduisante qu'elle fut indéfiniment répliquée dans l'Empire gréco-romain jusqu'à la Renaissance italienne et le XIXe siècle français.
   Autre trait : la grâce biblique se réfère à la gloire et la bienveillance divine, tandis qu'en Grèce, la grâce (" charis "), est l'éclat et le charme que verse Athéna sur Ulysse, afin qu'il resplendisse de beauté et séduction à la rencontre de Nausicaa (JP.Vernant. L'univers, les dieux, les hommes. p.150).
   Autre trait encore : autant l'homme biblique se remémore des histoires de désert, de servitude en Égypte, de " terre promise " à conquérir… autant l'homme grec se raconte l'histoire du berger, Pâris, qui séduisit et enleva " la plus belle femme du monde ", Hélène, par qui est venue la plus terrible guerre, Troie. Car Zeus avait désigné ce berger troyen, ce rustre sur sa montagne, pour départager les trois déesses se disputant le titre de " la plus belle ". Elles se présentent à lui : " Héra lui promet, s'il la désigne, la souveraineté sur l'Asie et l'Europe (terre promise) ; Athéna le couvrira de gloire sur les champs de bataille en Grèce (le don d'une conquête) ; Aphrodite lui fera épouser la plus belle femme du monde (Astartée refoulée). Aux dons des deux premières, Pâris se montre parfaitement indifférent : bouvier comme il l'est, il n'a que faire de la guerre… mais, quand Aphrodite lui a tenu ce discours où miroite la beauté d'Hélène, son intégrité commence à vaciller. Pâris offre la pomme de Discorde à Aphrodite… Ce choix a ses conséquences lors du siège de Troie : par jalousie, Héra et Athéna se font les alliées déterminées de Grecs, tandis que le Troyen Pâris devient le protéger d'Aphrodite. " (Dictionnaire de mythologie. Larousse 2003).

   Alors sous les auspices de quelle muse vais-je me mettre ? Sous quelle divinité tutélaire ? Dans quels traits d'héritage culturel ?