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Dans la comparaison des mythes érotiques de l'Inde avec ceux de l'Occident, Marguerite Yourcenar souligne combien la volupté est librement déployée ici, tandis que là elle est toujours frappée de dramatique - Krishna parmi les bergères, contre Dyonisos, Orphée, le Bon Pasteur, etc. Dans cette comparaison, on mesure aussi combien en Inde la volupté se trouve mieux rendue, ressentie et transmise par la sculpture que par d'autres formes d'art; là où l'auteur remarque que "plus s'est développée dans l'art une sensibilité proprement hindoue, plus l'érotisme s'est installé dans l'expression des formes". Ceci pour l'Inde. Que dire de l'Occident ? Dans le monde chrétien, l'expression de la volupté était nulle, sauf dans ses formes mystiques (Thérèse du Bernin) ou repentantes (Marie-Madeleine); toutefois depuis la Renaissance, c'est aux marges et licences de ce monde, sous "des alibis mythologiques ou légendaires", ou sous le "vernis protecteur de théories esthétiques", que des artistes ont pu exprimer la poésie des sens, avec en sculpture, l'apogée de Rodin. Qui sait si la modernité de l'art au XXe siècle, en se libérant des références de chrétienté et des alibis mythologiques - qui sait si dans la sculpture de la volupté cela n'a pas créé brutalement un vide, une dépression, une démotivation, un non-lieu, donc une absence ? Mais cette libération et décantation étant faites, qui sait si les sculpteurs ne vont pas laisser revenir et exprimer avec force le meilleur de la volupté - cette vertu qui habite les hommes et les femmes, plus profonde et décisive que les idéologies et mythologies - cette vertu maîtresse de la sculpture ?