mouvement de deux 03 h.29cm
   "...le meilleur de mon être" 03 h.28cm
   Landowski fondeur



« Chaque mot, chaque fleur, chaque regard sont des balbutiements. Seul un langage de balbutiements peut répondre au balbutiement constitutif de la réalité, à son articulation incomplète. Il n'y a pas de poésie, de chant, de musique, d'art, qui puissent échapper à cette dislocation essentielle. Il n'existe pas de mot complet, de fleur complète, de regard complet... La lecture véritable surpasse le texte qui est lu, brise ses marges, va plus loin. Le texte est un support presque miraculeux pour que la lecture instaure un monde nouveau. » (Roberto Juarroz)

« La force du pouvoir créateur ne peut être nommée. Elle reste en fin de compte mystère. Car n'est pas mystère ce qui ne nous ébranle pas au plus profond de nous-même. Cette force doit fonctionner en symbiose avec la matière pour donner naissance à une forme réelle et vivante... La mise en forme, c'est la vie » (Paul Klee)

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'L'inaccompli, c'est la vie' Jabès

Comparez le chant d'une mésange et une variation de Bach ; comparez son plumage et une robe de haute couture ; comparez un beau galet poli par la mer, une jolie pierre d'ornement polie par la machine, une carrosserie de bagnole... et une ouvre d'art achevée ou mieux encore, inachevée, façon Rodin ou Michel-Ange. Naturelle ou usinée, la beauté de la nature a quelque chose de complet, de plein, d'achevé, d'accompli, de fini. Tandis que si la beauté de la sculpture peut entraîner dans le rêve ou la nostalgie, c'est que, par bonheur, il lui arrive de dire l'inachevé ; de renvoyer à des désirs et des aspirations inassouvies ; de faire ressentir l'inadéquation à soi-même et au monde, de façon légère, fugace ou poignante - langueur, mélancolie ; comparée au galet, elle semble alors une oeuvre ouverte et latente, elle exprime l'inaccompli de la vie lorsque celle-ci est en aspiration et tension vers son accomplissement. Sculpture acte puis sculpture oeuvre, on y devine combien le sculpteur s'y est adonné, s'y est laissé séduire et entraîner, jusqu'à ce résultat qui est ce qu'il est, qui n'est que ce qu'il est - qui le laisse comblé et en désir d'encore et encore. Et voilà que cette ouvre, cette aspiration dans la pierre se met à oeuvrer en ceux qui la regardent, en résonant leurs propres aspirations, leurs incomplétudes, ce qui les comble et leur manque, le présent et ce qui vient.