20 juin : l'impact des Psaumes
20 août : l'art grec
20 octobre : l'art d'Afrique Noire
20 novembre : Béatrice et Laure
20 décembre : Le Penseur de Rodin
20 janvier : la propension des choses en Chine

20 février 2009 : les pierres en Chine et au Japon

20 mars : pierres en Inde
20 avril : pierres dressées et autels
20 mai : stèles funéraires
20 juin : un musée du galet

retour

     Les jades, les pierres de rêve, les pierres de jardins : trois modes d'art typiques de la Chine et du Japon traditionnels - trois formes de beautés, de valeurs précieuses, de relations intimes et sensibles vécues au quotidien... toutes choses qui nous paraissent étranges parce qu'elles sont sans correspondance avec nos critères d'art :
   - les jades, depuis le Néolithique, pierres choyées plus précieuses que l'or;
   - les pierres de rêve, suggérant des paysages et porteuses de sens en lien avec l'écriture;
   - les pierres naturelles au coeur des jardins, là encore paysages procurant l'évasion, le voyage.
     Ici l'Occidental ne peut que subodorer des pratiques et des sensibilités dont le précieux, la beauté, le rêve, le mystère, la contemplation, l'immersion d'au-delà... lui parlent à peine, tellement cela lui semble étranger ! (1)
     Voilà la raison d'un nouveau chapitre dans notre tour du monde : essayer de comprendre et sentir ces formes esthétiques et contemplatives attachées à des pierres, caractéristiques de la Chine et du Japon - un voyage que je dois beaucoup à l'amical échange avec Danielle Elisseeff (2)


les jades

     Nous pensons les débuts de notre civilisation occidentale avec l'avènement de la technique du bronze et de l'écriture qui ont mis fin au néolithique. Il y a 4-5.000 ans, finis les 'âges de la pierre', finie la pierre au cœur du processus de civilisation, notre histoire commence... même si la pierre va encore beaucoup compter - les Pyramides, les Dolmens, la Samothrace, les Cathédrales...
     En Chine, il y a quelques 8-10.000 ans, avec le néolithique ('l'âge de la pierre nouvelle', des meilleurs outils en pierre), c'est alors qu'est advenu un art d'excellence, l'art des pierres de jade qui s'est perpétué jusqu'à aujourd'hui ; et, beauté pour beauté, cet art s'est déployé en concurrence avec les céramiques.

     Les jades : des objets précieux non utilitaires, pour rien (quoique des fouilles récentes ont tout de même prouvé que certaines lames de jade, toujours coupantes, ont vraiment dû servir lors de sacrifices) - des objets pour la beauté au regard et l'agrément au toucher, pour le prestige... - des pierres d'une qualité telle qu'elles surpasseront l'or lorsque celui-ci sera utilisé !

     Comment expliquer cette vénération des Chinois pour ce qu'ils considèrent comme la matière précieuse par excellence ? Le jade présente une gamme très large de couleurs (habituellement blanchâtre, beige ou ambre, mais aussi vert pâle, rouge...), une texture translucide, un poli brillant ; habituellement de petite taille (2 à 10cm) l'objet est conçu pour être regardé de près, touché, porté en pendentif, en guise de talisman... La pierre elle-même est extrêmement dure, sans qu'on puisse la travailler par éclats comme le silex : elle est presque inaltérable et impossible à tailler ou à graver ; par conséquent son travail est d'une difficulté inouïe et de très longue durée.
     L'objet en jade d'autrefois, depuis le néolithique, résulte donc d'une prouesse technique, incomparable avec la technique banale de l'or, qui donne à comprendre sa qualité d'art et, de ce fait, son caractère extrêmement précieux. De plus, parce qu'il relève d'une dimension du temps exceptionnelle - des mois, des années pour sa fabrication, des siècles pour son usage - l'objet en jade, outre ses bienfaits aux vivants, est dévolu surtout aux morts : il favorise l'immortalité, il est le seul objet à être mis en contact direct du corps défunt, le protégeant ainsi le temps nécessaire à son transfert dans le monde des ancêtres (2). (On pourrait dire, en résumant, que dans les tombes de chez nous, c'est l'or, le prestige, tandis qu'en Chine c'est le jade, la pérennité, et par là l'immortalité).

     Comment s'effectuait ce travail d'une telle prouesse technique ? Le bloc brut "était d'abord découpé en morceaux ou en plaques. Deux artisans exécutaient ce travail pénible : l'un sciait à l'aide d'une scie à archet à corde souple, tandis que l'autre versait régulièrement, dans l'entaille de plus en plus profonde, un abrasif constitué de sable fin et anguleux et dilué dans de l'eau... Le découpage d'un petit bloc de jade selon cette technique pouvait durer des mois (...) On commençait alors à abraser (frotter, user) ou meuler la pièce avec du gros sable en vue de lui donner une forme générale désirée. Celle-ci était ensuite travaillée dans le détail à l'aide de sable plus fin (...) L'apparition des disques rotatifs et des forets à tours facilita quelque peu l'abrasion, mais le travail restait long et pénible. Ces techniques étaient déjà au point à l'âge du bronze, il y a plus de 3500 ans, et sont restées inchangées jusqu'au XXe siècle... remplacées alors par les meuleuses électriques... C'est peut-être l'extraordinaire difficulté du travail du jade et la virtuosité qu'il nécessite qui conférèrent à cette pierre son mystère et sa magie. C'est peut-être aussi ce qui explique pourquoi les jades archaïques étaient toujours liés à des rites magiques ou funéraire" (3).
     Toutefois on reste songeur à la pensée que des populations entières d'artisans aient pu se consacrer exclusivement à la fabrication de telles pièces en jade dont la destination était essentiellement funéraire. Cela supposait une société ayant engendré une élite dont le pouvoir économique et politique était suffisamment puissant pour justifier une telle richesse funéraire, nécessitant la mise en œuvre de moyens aussi considérables, et cela dans une stabilité sur des décades, des siècles... Danielle Elisseeff (2) fait remarquer que le caractère chinois yu (jade) est, à un point près, le même que celui signifiant 'souverain', suggérant ainsi un lien très ancien entre pouvoir et jade.
     "Il est l'image de la pureté par la beauté de son poli, de l'intelligence et de la lucidité par sa densité et sa dureté, de la justice parce qu'il a des angles mais ne blesse pas, de la musique par sa sonorité, de la fidélité par sa couleur, de la sincérité parce que son éclat n'est pas voilé par ses défauts et que ses défauts ne sont pas voilés par son éclat, le symbole du ciel par sa beauté translucide" (3)
     Restent toutefois la question de l'usager et celle du sculpteur. La question du passage aux formes modernes de ces objets de jade. Dès lors qu'ils ne plus sont fabriqués artisanalement, sur des mois ou des années de travail, de courage, de patience, dès lors qu'ils relèvent de la série et sont débités en une heure ou deux, avec des outils électriques et des procédés d'abrasion au carborandum, que reste-t-il d'authentique ? Si j'achète un jade moderne aussi parfaitement taillé et poli que le traditionnel, est-ce que mon rapport à lui serait banalisé et profané ? Est-ce qu'intrinsèquement cette pierre précieuse serait moins chargée de magie et de mystère, parce qu'elle ne serait pas le fruit d'une très longue œuvre et ne serait pas unique ? Que de fois j'ai entendu la question à propos d'un de mes marbres : combien de temps cela vous a pris ? En répondant : 'une journée', pour cette belle sculpture qui m'est venue effectivement avec aisance et célérité, je constate que je déçois. Il est vrai que la sculpture des marbres, elle aussi, s'est modernisée, la disqueuse remplaçant les pointes et les ciseaux, sans que pour autant on éprouve le sentiment que ces œuvres modernes soient moins authentiques. Mais est-ce le même sentiment pour les jades ?

     Enfin question de sculpteur. Il y a 10.000 ans, les Chinois façonnaient leurs armes et leurs outils tranchants comme tout le monde depuis le 'fond des âges', en débitant par éclats des rognons de silex - un savoir-faire que le 'néolithique' porta à son apogée. Pourquoi alors se sont-ils intéressés à cette matière inattaquable qu'est le jade, sachant qu'ils ne sauraient la rendre tranchante comme le silex ? Donc d'emblée inutile. Pour rien, pour l'art et la prouesse technique !


les pierres de rêve

     A la recherche des 'pierres de rêves' sur Google, vous trouverez deux types de pierres, soit les fines tranches de marbres veinés suggérant des paysages (sur www.eurasie.net/webzine/Les-Pierres-de-Reves.html), soit les blocs de pierres, comme des galets lisses, de très belle qualité et de formes singulières, elles aussi propices à faire rêver (sur www.tana-mengshi.com).

     Les premières, les 'pierres-paysages', sont des fines coupes de marbres veinés (extraits d'une carrière de la Montagne Tien Ts'ang près de Tali dans le Yunnan, au Sud de la Chine) - des plaques qui se présentent comme des tableaux, le plus souvent de forme ronde. Car ces marbres ont des veines de couleur de terre, d'arbre, d'herbe, de mousse et d'eau, qui rendent ainsi des paysages à la fois sauvages et poétiques suggérés le plus souvent par les termes 'montagne et eau', 'nuage et eau'....
     "Mais ces pierres, d'après le catalogue Ostier (4), donnent bien plus à ceux qui ont su et qui savent encore les regarder : car on peut considérer chacune d'elle comme une sorte de mesure des rythmes qui les animent : la pluie qui fait luire les sommets, les vent qui chassent les nuages et les fait s'effilocher autour des pics, serpenter dans les vallées et dévorer littéralement d'un blanc opaque la montagne, n'en laissant plus voir qu'une frange verte ou rousse. Par quel mystère ces marbres, sommes d'enchevêtrements de forces, de courants tumultueux, de tourbillons, reproduisent-ils les lignes vitales, les couleurs, l'atmosphère même des paysages de la région (voisine) de Koueillin ? (..) N'échappant pas à la structure originelle, chargées d'énergies, de pouvoirs, elles représentent plus qu'un objet étrangement descriptif, elles forment un des traits d'union entre notre univers et l'univers tellurique".
     "Ces pierres, écrit Nelly Delay dans le même catalogue (4), où nous serions tentés de voir quelque bizarrerie de la nature, sont, en fait, le support d'une écriture que nous sommes appelés à déchiffrer, à la fois intuitivement et par le prisme des symboles. Leurs veines, aux rythmes tourmentés, et leurs contours mêmes, nous renvoient à des paysages familiers ; leurs formes (cercles, quadrilatères ou octogones) voulues par l'homme et qui font entrer dans le Nombre ce qui ne nous semble d'abord que phantasme ; les calligraphies, enfin, qu'un poète a tracé sur le blanc des 'nuages' et qui par leur présence renforcent l'idée qu'une telle pierre a été séparée des autres, individualisée comme objet, traitée comme une peinture, œuvre de l'homme, œuvre d'art et de beauté ; - toutes ces notions qui surgissent spontanément dans un esprit occidental à la vue de ces 'pierres de rêve' risquent bien de nous entraîner vers l'interprétation la plus fausse si nous ne prenons pas soin de comprendre chaque terme dans le sens que lui donne la civilisation chinoise, dont la clé est le Tao.
     "Il suffit de lire, comme on lit les peintures tantriques ou comme on déchiffre les constellations dans le ciel. Rien n'appartient au hasard quand nous avons cette montagne ou ces nuées dans le creux de la main ; rien, pas même leur présence, car elles ne sont 'extraites' de nulle part, ni séparées de rien, elles ne sont pas des objets que nous contemplerions de quelque point fixe d'une perspective rationaliste : elles sont une partie du Tout, donc elles sont le Tout dans lequel l'homme lui-même est intégré.
     "Ce tissu uniforme qui constitue le Tao, animé de mouvements et de mutations ininterrompues, fait que ni les êtres ni les objets ne sont extérieurs les uns aux autres ; ils participent de la même énergie ; le lien entre eux est du domaine de l''être' non de l''avoir' ; il ne peut exister entre eux de relation de possession, mais seulement une communication, une circulation d'énergie. Si on se réfère à la tradition selon laquelle l'empereur Pâo-Hsi a conçu le texte légendaire du Yi-King (Livre des Mutations) en 'contemplant les figures lumineuses du ciel et les dessins formés sur la terre, et en lui des choses dignes de considérations qu'il trouva également hors de lui' - le spectacle de l'Univers, que l'homme peut contempler, lui révèle sa propre nature."

     Ainsi les souffles et les courants qui sillonnent le ciel et la terre se matérialisent dans les marbrures et les veines de ces pierres. Ces pierres sont toujours apparues comme un élément privilégié de connaissance et un support de méditation : puisqu'en Chine le beau est synonyme de vrai, d'approche de la vérité, de chemin de la connaissance, ces pierres furent toujours recherchées pour des raisons philosophiques autant qu'esthétiques. Ce sont des pierres de 'voyage' et c'est bien en ce sens qu'il convient d'entendre 'pierre de rêve' - le rêve étant ce 'voyage extatique de l'âme' dont parle Lie Tseu.

     "L'homme, écrit encore Nelly Delay, n'est pas absent des éléments qui constituent l'Univers : issu de la terre, son esprit est capable de concevoir le ciel ; son regard se pose sur un paysage dont il est partie intégrante et dont il éprouve en lui les mêmes courants. Ces 'souffles' qui l'animent apparaissent dans la calligraphie, traces visibles aux formes mouvantes, qui permettent de deviner les énergies invisibles, et à travers lesquelles s'expriment le temps. Comparables aux marbrures et aux sillons, la calligraphie est la veine de l'homme, qui s'inscrit dans le même espace que la veine de la pierre Le 'pinceau-montagne' et 'l'encre-eau' se rencontrent pour faire apparaître des caractères aux formes originellement définies et symboliques, et que le mouvement élargit, contracte ou précipite, les liant par une ligne continue invisible dont le sens est perçu comme une 'résonance secrète'."

     Certes, il faudrait encore développer cette philosophie taoïste appliquée à la reconnaissance de ces paysages de veines et aux beautés des pierres. Qu'il suffise ici de ces quelques mots sur le regard et la pratique qu'un chinois entretient avec ses 'pierres de rêve'. Cela s'applique au regard sur les belles pierres galets (dites aussi 'pierres de rêves'), et sur les pierres naturelles de jardin.

     Mais ne quittons pas ces paysages de pierre, sans recueillir quelques perles de titres, extraites du même catalogue (4) :
         'La colline se purifie dans le lac des nuages tranquilles'
         'La montagne auréolée des rayons du couchant'
         'La brume s'effrange, lumineuse ; la montagne s'empourpre au crépuscule'
         'Brume sur un village de montagne entouré d'arbres'
         'La montagne se trouve entre le vide et la vague'
         'Lumière d'Automne, sur les rives d'un lac'
         'Le souffle vert du printemps gagne le flanc de la colline en forme de coquille'
         'Montagne dans le pure clarté de l'Automne'
         'Montagne printanière noyée de brume et de pluie'
         'Collines lointaines, indécises entre présence et absence'
         'Nuages et montagnes, à la fois proches et lointains'
         'Vaste mer, ciel immense'
         'Où se touchent montagne et lac parmi la brume, déjà l'Automne'
         'Collines lointaines à l'éclat de jade'.



les pierres naturelles au clos des jardins

     La même démarche de méditation, de rêve et de voyage anime le Chinois lorsqu'il contemple les 'marbres-paysages' dont nous venons parler, et lorsqu'il prend en main ou qu'il pose devant lui un de ces blocs de très belles pierres, taillés et poncés en galets - appelées également 'pierres de rêve' (voir www.tana-mengshi.com). Quant aux pierres naturelles placées dans les jardins, elles relèvent aussi d'un recueillement et d'une contemplation similaires, à ceci près qu'elles constituent le paysage-jardin, et que leur pratique est de la Chine autant que du Japon (5)

     "Autrefois on attachait beaucoup d'importance lors de la création d'un jardin japonais à son côté très naturel... (végétation, eau et pierres) ...Il y avait des pierres choisies selon leur forme et leur aspect plus ou moins usés ou patiné et disposés minutieusement pour être observées sous différents angles. Les pierres devaient déjà être couvertes de mousses et de fougères. Pour donner l'impression qu'il s'agissait de vieilles pierres, celles-ci étaient enfouies dans la terre de telle sorte qu'elles affleuraient la surface, un peu comme un iceberg dont la partie principale se trouve immergée. Les pierres semblaient alors sortir tout naturellement de terre, comme une plante qui pousse ou comme les rochers d'une montagne. (...) Il fallait sentir que (ces éléments) étaient rongés par les intempéries, présents dans ce jardin depuis la nuit des temps. (...) Les jardins japonais (et chinois) sont totalement clos, car ils font partie intégrante de la maison et appartiennent donc au domaine privé...
     "Certains jardins Zen dont presque toutes les plantes sont bannies offrent une autre image de la nature... Dans ces 'jardins secs', la disposition des pierres crée à elle seule une dynamique qui doit favoriser la concentration de l'esprit, la méditation et la venue de l'illumination. Ce type de jardin (tel celui du temple Ryôanji à Kyoto) se différencie considérablement de celui des maisons et des villas, car il est conçu pour la contemplation et non pour la promenade. (...) Il est décoré de rochers seulement dégrossis et de gravier blanc - une couche de gravier soigneusement ratissée " (5).
     Soit un dessin immuable, une tranquillité absolue, où seuls les angles de vue différents et les altérations apportées aux pierres soutiennent l'attention du regard : l'éclairage qui tourne, les changements de lumière, les reflets donnés par la pluie, etc. (Toutes choses que ne saurait saisir le regard en passant du touriste).

*
*     *

     Pierres de jade, pierres de rêves, pierres de jardin de la Chine et du Japon traditionnels, seriez-vous à ce point étrangères et inabordables à notre compréhension et nos sensibilités occidentales ? N'avons-nous pas d'autres modes et mondes de pierres, petites et grandes, qui sont à même de nous faire rêver, qui ont la vertu de nous recueillir. Quand on lit ces propos de Bachelard, dans "l'Intuition de l'Instant", qui nous laissent silencieux, un galet dans la main ou le regard sur un jardin : "Dès que nous sommes immobiles, nous sommes ailleurs ; nous rêvons dans un monde immense. L'immensité est le mouvement de l'homme immobile. L'immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille. (..) Dans de telles rêveries qui s'emparent de l'homme méditant, les détails s'effacent, le pittoresque se décolore, l'heure ne sonne plus, et le temps s'étend sans limites".
     Ou plus encore les mots de Roger Caillois : "Je parle des pierres qui ont toujours couché dehors ou qui dorment dans leur gîte et la nuit des filons. Elles n'ont connu d'outils que ceux qui servaient à la révéler : le marteau à cliver, pour manifester leur géométrie latente, la meule à polir pour montrer leur grain ou pour réveiller leurs couleurs éteintes. Elles sont demeurées ce qu'elles étaient, parfois plus fraîches et plus lisibles, mais toujours dans leur vérité : elles-mêmes et rien d'autre. (...) Je parle des pierres nues, fascination et gloire, où se dissimule et en même temps se livre un mystère plus lent, plus vaste et plus grave que le destin d'une espèce passagère."



(1) Depuis les débuts de ma sculpture, mes marbres naturels me semblent être une voix, une voie venue de ce monde lointain et y conduisant - des 'go between'. Lorsque je remonte le torrent à la recherche d'une pierre sauvage, lorsque je la travaille pour la rendre à elle-même, lorsque sans apprêt ni artifice elle habite la maison, lorsqu'à celui qui la regarde et la caresse, elle l'entretient de son métamorphisme au sein de la terre, du chant et des tourments du torrent qui s'est plu à la sculpter, jusqu'à ce que vienne ma main...

(2) Danielle Elisseeff. La Chine du Néolithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère). École du Louvre 2008.
L'art chinois. Larousse 2007.
Avec Vadim Elisseeff. L'art de l'ancien Japon. Citadelles & Mazenot 1980

(3) Fahr-Becker (ss.dir.) Les arts de l'Asie orientale. Könemann 1999 T.1 p.288s

(4) Ostier Janette. Pierres de rèves. Galerie Janette Ostier 1979

(5) Fahr-Becker. op.cit. T.2 Japon p.311



































Jade. Civilisation du Majiaban
Néolithique (5.000 - 3.900 av.JC)
h.12,5cm Fahr-Becker I p.298

























































Pierre de rêve - tableau de marbre
'Sommets nuageux aux teintes lumineuses'
Signature : Che Lin
diam.16cm J.Ostier n°16

































Pierre de rêve - galet
tana-mengshi.com































Pierre de jardin Zen
temple Ryôanji Kyoto
Fahr-Becker II p.311





détail marbre : 'tire d'aile' 2007
Michel Coste


marbre : psyché 2005
Michel Coste