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anneaux
Aspiration au profond de la matière qu'il sculpte, là, entre ses mains, au corps-à-corps - matière indissociable des rondeurs et voluptés au corps de la femme, rondeurs externes de ses seins, rondeur interne de son sein, "…comme à ton sable d'or mêlé, que j'aille encore et tarde, sur ta rive, dans le déroulement très lent de tes anneaux d'argile" (Saint John Perse).

Sculpture de prédilection : en prenant forme à ses yeux et dans ses mains, ces anneaux l'attachent et le retiennent, de l'infini à l'infime, depuis leurs immensités qui l'envoûtent et le dépassent, jusqu'à leurs étroitesses qui l'étreignent. Ouvrage étonnant : car aux prises avec sa terre ou sa pierre qu'il creuse et intériorise, le voilà lui-même épris et pénétré, habité, le voilà qui pénètre, qu'il entre, le voilà saisi d'une voûte immense en son voile de mystère, de la grotte primitive et ses féeries pariétales, de la nef de cathédrale et sa grande


rosace enclose, et bien plus vaste encore, les anneaux planétaires, les enroulements galactiques, les maillons des milliards d'années… Mais n'est-ce pas ces immensités mêmes qu'il est en train de sculpter, de ramasser, à sa taille propre, dans cette fine moulure cylindrique et ce modeste évidemment circulaire : dans cet anneau, ce " cercle de matière dure qui sert à attacher ou à retenir ", telle la bague nuptiale au doigt, telle l'alliance et l'étreinte de femme à son bonheur d'homme ? Et chante alors le Cantique d'un " Roi pris aux boucles " de la Sulamite.