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La recherche ne s'exprime qu'en mots, la sculpture est expression de corps. L'une seulement avec la tête - l'acquis de l'école; l'autre avec la tête et la main - avec l'expérience amoureuse, l'expérience de la vie. L'une à vingt ans, l'autre à quarante : lorsque la vie se charge de nuances et de complexités, de contradictions et de fragilités; lorsque les mots de nos échanges laissent à désirer et cherchent à se dire autrement; lorsque vient l'aisance des formes d'expression silencieuses et tacites qui sont le langage des visages et des corps, leur force et sensualité - et par là une nouvelle façon de parler et d'écrire.
C'est dire en sculpture, des créations de formes qui, avant d'être objets d'art, sont d'abord les expressions les plus heureuses du regard et de la main en correspondance aux bonheurs de la vie, des visages et des corps - sourcier, inventeur de sources, ressourcement.
C'est dire, sculpteur, un homme simplement homme dont la sculpture n'est que surcroît : à quoi bon se prendre pour un artiste ? Il se méfie des mots et des images consacrés, ceux des rites et des modes, qui ne signifient plus guère ou à travers; ils se méfie des êtres et valeurs consacrés qu'on ne sait plus aborder naturellement et avec un sens critique; il se méfie des objets d'art comme des idoles. Il aime les visages, les mots et les choses qui viennent simplement dans la banalité du quotidien : qui n'ont pas besoin de se forcer, de se payer d'effet, de se poser à part...; ce qui n'enlève rien à leur exigence d'être vrai, donc libres, les plus personnels. Il ose croire et espérer que seule la parole démunie est crue. Seule elle crée.
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