33

Dans notre société qui dénie la mort, on constate que la tombe est un choix généralisé des français (80%) : leur dernière demeure et tenue d'apparat, leur dernier mot, lourd de croyances ; ce qu'ils avouent, ce qu'ils disent sans vouloir le dire et en négligeant de le dire ; donc ce qu'un puissant marché lucratif a beau jeu de leur faire dire, au nom des convenances (et d'une production industrielle). Combien déplorent cette mode d'expression, cette habitude de langage qui, herbe folle, envahissante et tenace, s'avère des plus pauvres et insignifiantes à cette heure de la vie ? Sauf si la sculpture s'ingénie à réveiller des mots qui disent un peu mieux les sentiments de chacun, et qui conjurent ainsi le non-sens de la mort. Son insolence.

Ici, à la pointe du Cotentin, une double stèle pour la concession d'un couple : les deux vantaux d'une porte qui s'ouvrent ; un léger écart entre eux permet aux rayon du soleil levant de s'étendre sur le parterre de fleurs. (Juin 2006)