"Tout homme porte sur son dos l'obscurité et serre dans ses bras la lumière" (Lao Tseu). Lorsqu'un deuil nous touche - l'imminence de la mort d'un proche, sa disparition, les cérémonies, les souvenirs, son absence - chacun essaie, vaille que vaille, de garder "coeur à vivre", entretenant ses frêles lumières de convictions intimes. Car pour beaucoup elle est révolue l'espérance qui résolvait la mort à bon compte par des solutions d'au-delà, mais c'est alors que l'énigme de la mort redevient redoutable - chacun se trouvant désemparé, hors rempart de l'espérance commune, livré à lui même, seul à répondre, entretenant comme il peut son allant et sa marche propre - chacun restant discret et silencieux à la recherche de sa propre "sagesse" quant à la mort : nuit/clartée unique et personnelle. Il est seul. Mais si son partage avec les autres est désormais maladroit dans les mots, ne se fera-t-il pas dans son attitude : par sa façon d'échanger ombre et clarté, de porter l'obscurité sur son dos et de serrer dans ses bras la lumière ? |