Par ma sculpture, j'aime rendre une nudité de la femme que la vie ne permet pas, un voilement/dévoilement qui joue autrement l'art des règles de pudeur et d'interdits : cet art de vivre par excellence, cette attention à respecter et protéger l'intimité sensible et vulnérable des êtres,
cette civilité des habits, habitats et habitudes qui leur permet d'aller sans crainte par leur monde, cette tenue et retenue, ces clartés et discrétions des regards, ces audaces et silences des mots, ces adresses et délicatesses des gestes, toutes dispositions et attitudes |
qui sont à même de les empreindre de mystère, de les habiter de secret et par là d'en susciter le désir et de les revêtir de beauté par le jeu même du vu/non-vu, du caché/exposé - un art si sensible que la moindre perversion ou le moindre traumatisme peut changer le rêve en cauchemar, la beauté en dégoût, la séduction en culpabilité ou cynisme - d'où l'importance, sous le registre possible de la sculpture, de réapprivoiser et remettre en confiance en faisant place à la beauté.
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