automne 2012
donner du souffle à ma sculpture,
                                           un souffle d'aimer


Saurais-je sculpter de l'amour
la présence l'un à l'autre des amants :
aussi discrète qu'une 'brise légère' *,
leurs baisers, caresses et chuchotements **...?

Puis 'lorsque le vent se lève', saurais-je suggérer
leurs soupirs, leurs halètements en rafales...
jusqu'aux fougues et impétuosités de tempête,
telles les ivresses d'orage qui emplissaient ma chambre,
sans autre bruit, quand ma voisine accueillait son ami ?

Mais pour autant serais-je provoquant de réalisme
jusqu'à rendre les excès de luxure emportant les amants,
l'ubris de damnations d'Enfer de Dante et de Rodin***
leurs véhémences aux tourments de vents contraires,
leurs déferlements de chair déchirants de violences ?

Non, saurais-je redonner grâce et chair à ce luxe fragile,
à ces frêles luxuriances de la vie - souffle et esprit :
ce sentiment d'aise comme une ample respiration,
au vif des émouvances de chair et de cœur,
aux claires éclosions de nos désirs meilleurs ?

Saurais-je faire venir un homme
de respiration si sensible et vulnérable,
un homme qui n'aspire qu'à ce souffle d'aimer ?


* Yahvé tel qu'il se révèle au prophète Élie à l'Horeb (I Roi 19,12) en une culture biblique où 'Ruah' est le souffle et l'esprit - puis l'Esprit-Saint, l'Amour. Le même Dieu modelant Adam de la terre et y insufflant l'haleine de vie (Gn 2,7)

** le début du Cantique en chuchottements, chuintements : 'yishaqueni mineshiqot pihou' - 'qu'il me baise des baisers de sa bouche'... - grâce et inspiration des baisers.

*** la damnation de la luxure dans l'Enfer de Dante sculptée par Rodin : "Ce lieu qui mugit comme mer en tempête lorsque des vents contraires la combattent. La tourmente d'enfer, jamais calmée, emporte les esprits dans sa rafale et les tourne et les heurte et les harcèle... Je compris qu'à ce genre de tourment étaient voués les pécheurs de la chair..."

lorsque le vent se lève
terre 2005 h.40cm
cf. p.57: 2007 h.100cm

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