"Faute d'avoir su gouverner raisonnablement son existence, (Shitao) finit par se dire que le mieux est encore de faire confiance aux impressions qui gouvernent notre imaginaire : et pourquoi la sensibilité - la sensualité même - ne viendraient-elles pas suppléer aux défaillances de la raison ? Proche en cela des fidèles du Tao, il a beau être convaincu du mensonge des apparences, il sait que nos sens ne sont pas des guides à mépriser. Ils sont les vecteurs les plus sûrs de l'enthousiasme, cet état qui permet de communiquer, hors toute intellection, avec le vaste mystère du monde. Ils nous rappellent que la réalité est pour le sage comme un banquet qui s'offre, que le monde est là pour être goûté, que l'art n'est rien d'autre que l'exaltation de la saveur cachée des choses." (Shitao, la saveur du monde). François Cheng. Lequel s'exclamait, en terminant la visite de l'atelier : "Votre sculpture chante, Mr Coste, c'est une sculpture heureuse".