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Femme et féminité

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Néfertiti ?
-1350 29cm Louvre
Samothrace
-fin 4e sc. Louvre
Vénus de Cnide
-360 120cm Louvre
Danseuse d'Arles
-300env. 50cm Arles
Victoire à la libation
-2e sc. 50cm Louvre
Danseuse gauloise
+1er sc 14cm Orléans

On la dit avec un langage de l'élégance, ou de la pudeur. Ou par défaut, on la dit quand même sous l'interdit du figuratif. N'est-ce pas dans ce registre métaphorique que la femme aime se parer de bijoux contribuant à sa beauté et la rendant à elle-même ? Elle aime se retrouver dans les flacons et les vases, remplis d'eau, de parfum ou de fleurs...
     Ainsi la munificence de l'Alhambra de Grenade - enivrement et sobriété : tout ce qu'une sensualité contenue pouvait rendre sous l'interdit du figuratif imposé par l'Islam - un interdit proche de celui de St.Bernard et de l'art cistercien : la volupté des moines, leur Cantique des cantiques. Ici comme là c'était l'expression de la réalité divine mise au centre de tout et rendue féminine sans le dire.
     Toute autre est la faveur de la Nature exprimée dans les formes et sculptures allusives de la femme de l'Art nouveau à la Belle Epoque : soit la version de l'École de Nancy, encore sous l'influence allemande (Goethe), où Gallé et Daum aiment 'dire avec des fleurs', soit la version plus parisienne de Lalique aime le rendu réaliste de la femme.



S'ouvre alors le grand énigme : lorsque l'abondance de ces deux grands courants d'expression sculptée féminine et leur pérennité depuis le fond des âges, furent brusquement abandonnés - après Rodin pour le figuratif, après la Grande Guerre pour l'Art nouveau. Pourquoi la profusion de formes féminines du XIXe sc. n'a-t-elle pas été suivie ? Pourquoi les sculpteurs d'avant-gardes n'ont pas jugé bon de reprendre et réinventer cet élan de façon moderne ? Pourquoi s'est alors incrustée la mode, indéfiniment répétitive, le contraire d'une mode, la morne redondance d'abstractions sèches et sans voluptés depuis cent ans ? Depuis 1908, comme un coup d'envoi (date des Demoiselles d'Avignon de Picasso), le Baiser de Brancusi (la borne gravée) qui est venu en réplique de la Cathédrale de Rodin (les deux mains) - deux œuvres emblématiques totalement opposées - dix secondes de curiosité sans lendemain avec l'un, avec l'autre une émouvance, une contemplation toujours renouvelée. Dans une sorte de purisme, de stoïcisme, voire de cynisme, les artistes sculpteurs et plasticiens modernes n'ont pas cru bon de se laisser séduire et de faire œuvre de séduction dans la beauté, le charme et la grâce de formes féminines qu'ils jugeaient lascives et mièvres, soit côté réalisme à la Rodin, soit côté symbolique de l'Art nouveau ('art nouille'). Seulement dès lors que les sculpteurs déconsidéraient le figuratif et délaissaient la statuaire, ce furent les attraits du visage et du corps de la femme qui étaient abandonnés - en se demandant qui des deux a entraîné l'autre : l'absence de l'amour et de l'érotisme (selon Octavio Paz) ou les seuls mots d'ordre de l'Art ?


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