ACCUEIL
Femme et féminité

< RETOUR    | 1 / 2 / 3 / 4 / 5 / 6 / 7 / 8 / 9 / 10 / 11 / 12 / 13 / 14 / 15 / 16 |   SUITE >


     Un seul exemple (où se retrouve Baudelaire, mais en admirateur) : la modernité de Rodin n'est-elle pas d'avoir été à la fois en retard et en décalé avec les avancées de la peinture ? Tandis que les Impressionnistes avaient, depuis longtemps, délaissé les motifs mythologiques, pour s'attacher essentiellement aux effets de l'image, Rodin prit à bras le corps les personnages de la mythologie et des passions humaines, afin de les restituer avec le plus de force possible ; et évidemment, sa figure privilégiée a été la femme, la femme de séduction et de sensualité.


Enlèvement Sabine
(Jean Bologne) bronze
v.1600 59cm Louvre
Persée/Andromède
(Puget) marbre
1684 Louvre
Mercure/Pandore
(A.de Vries) bronze
fin 16e 250cm Louvre
Enlèvement Proserpine
(Girardon) marbre
1699 270cm Louvre
Pâris/Hélène
(Bertrand) bronze
1700 64cm Fontainebleau
Bacchante/satyre-enfant
(R.le Lorrain) bronze
1699 33cm Rennes

     L'une des raisons fortes qui a joué en défaveur de la sculpture fut, au long du siècle passé, l'invasion croissante de la culture-image : une habitude culturelle qui a découragé et marginalisé la sculpture, tandis qu'elle donnait l'avantage aux arts de l'image : la peinture, la photo, aujourd'hui la vidéo... Le rapport à l'objet-sculpture s'est peu à peu perdu, l'agrément sensible, le temps de l'appréciation, le sens critique, la dimension intérieure que l'on peut éprouver en présence de ce qui est corps, matière, densité, solidité, épaisseur, résistance, intérieur/extérieur mêlés.
     De plus, facteur de découragement, avec l'invasion de l'imagerie médiatique, les charmes de la femme ont été tellement usés et abusés, ils furent rendus avec de telles performances esthétiques, que les œuvres de sculpteurs avaient du mal à "tenir la concurrence" (Cf. Y.Michaud. L'art à l'état gazeux. 2003).
     Et pourtant comment oublier que la sculpture est un art-témoin du rapport d'une société au corps, et donc à la dimension sexuée. Monde de l'image, de l'illusion-image, notre monde occidental serait alors tellement éloigné du monde des générations d'autrefois, celles de l'Antiquité et d'au-delà, et de leur aisance et bonheur dans l'expression du corps... Mais justement, n'est-ce pas parce que notre monde est saturé d'images, jusqu'à ne plus les voir, jusqu'à ne plus rien voir, que l'on peut souhaiter que des sculpteurs relèvent la chance de réhabiliter la sculpture, et cela en magnifiant la charnalité de la femme et ses milles évocations qui redonnent goût de vivre ?


< RETOUR    | 1 / 2 / 3 / 4 / 5 / 6 / 7 / 8 / 9 / 10 / 11 / 12 / 13 / 14 / 15 / 16 |   SUITE >