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Femme et féminité

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Figure au repos (Moore)
1936 bois d'orme
Figure couchée (Moore)
1957 UNESCO Paris
Forme couchée (Moore)
1968 travertin 216cm

A mon sens il nous faut être attentif à ce plaisir comme l'un des moteurs, des stimulants, des motivations, des ressorts à vivre les plus importants des humains, avec ce qu'il témoigne comme patience, persévérance, résistance, reprise, habileté, contentement du résultat, et ce qu'il signifie ensuite comme usage : comment ces beaux outils ont pu communiquer de l'agrément sensible et de l'admiration dans leur usage même, entraînant par là à aller plus loin encore en beauté. Il en va ici de la vertu de l'activité et du travail des humains ; et il en va de leur désir et séduction sexuelle (amour et érotisme) comme ce qui leur donne sens et cœur à vivre (la plus grave critique que l'on doit faire à l'Église).

Au plus probable, l'humanisation a dû se faire par la saveur et le goût, la séduction et le plaisir, travaillés, millénaire après millénaire, dans l'habileté et la patience de la main, dans le façonnage d'un silex et la gravure ou la peinture d'une paroi ou d'un os, dans les chairs et les matières que traitaient ces mêmes mains, dans les foyers qu'elles attisaient, dans les caresses et les étreintes qu'elles prodiguaient, dans le plaisir au plus vif, celui que se donnaient les hommes et les femmes dans leurs relations sexuelles, le plaisir le plus bouleversant et… humanisant.



     Une fois compris cet argument, on peut en venir à l'argument décisif qui permet de deviner pourquoi c'est la femme et la féminité qui sont privilégiées par cet art de la main, le premier venu et le plus constant dans l'histoire humaine : la dissymétrie dans l'échange entre l'homme et la femme. Regardons l'homme et la femme tels qu'ils sont faits et en relation.
     L'un et l'autre sont venus de la mère, du ventre de la femme, de son sexe. L'un et l'autre ne cessent d'être hantés par cette origine et d'y faire retour. 1° L'homme, tel qu'il est sexué, n'est qu'extériorisation : il s'a-dresse à sa femme et c'est en s'unissant à elle qu'il peut y avoir 'retour à sa mère'. 2° Par différence, dans son échange sexuel, la femme s'extériorise vers l'homme, mais s'intériorise à l'intimité de son corps, de son sexe, là où pénètre l'homme, là où mûrit la vie et d'où elle est donnée. Pour elle le vis-à-vis de l'homme ne saurait lui tenir lieu de mère, c'est en elle qu'elle peut la 'rejoindre' ; tandis que pour l'homme aimer et être aimé de sa femme, c'est aimer et être aimé de sa mère. Est-ce là l'obsession de séduction et beauté féminines que l'homme entretient et exprime, tandis que, réciproquement, le désir d'homme entretenu par la femme ne s'exprimerait pas autant ?
     Autrement dit : l'homme extériorisation, la femme extériorisation-intériorisation - d'une part, le signe symbolique de Mars, l'unité d'où jaillit la flèche ; d'autre part, le signe de Vénus, l'unité qui est pénétrée par la croix en dessous, c'est-à-dire le sexe de l'homme. (Soit ce même symbole du miroir pour signifier qu'il importe à la femme de se regarder elle-même et d'être regardée, par différence avec l'homme qui n'est que versé à l'extérieur... à l'avantage de la femme).


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